Dommage que le bon Dieu se soit éloigné de nos fronts.
ça aurait pu être si bien !
.. ma tête est en couleur..
et en odeur.
Comme par un soir de printemps couronné de fleurs parfumées, le ciel est gris pervenche.
Gris et lilas. C'est beau. C'est bon !
Une image s'éloigne de moi, de nous.
Image fugitive qui disparaît pour ne point revenir.
Image qui me rappelle. Image de bonheur.
Electron aux charges contraires, je cours après toi, comme un enfant court après un ballon.
Te rattraperais-je un jour, moi qui me croyais debout à jamais sur la montagne sacrée !
Je me suis écartée des uns, des autres.
Je me suis fermée, refermée comme une huître.
Aurais-je peur ? De quoi ai-je peur ?
Parviendrai-je un jour à la sagesse, à la sérénité ?
Alors, je m'enfuis. Je me ratatine encore plus pour ne pas être dévoilée.
Même si je le veux infiniment, ....ne pas être débusquée, comme une sale gosse prise en flagrant
délit de vol à l'étalage.
...
et je glisse... je glisse, je dégringole, jusqu'au monde des profondeurs, jusqu'au chaos ténébreux,
et quand j'ouvre à nouveau les yeux, je suis seule, sans toi.
Suis en nage, seule, sale, moite.
Huit jours parfaits à ne rien désirer.
A n'être seulement.
Huit jours à me gaver de sommeil, lourde.
Huit jours à écrire.
Seulement à écrire. Seule, isolée du restant du monde, entre la page et le drap.
....
Sensation curieuse à se laisser guider vers un on-ne-sait-où.
intensité mal définie.
Où aller ?
Où partir ?
Rester dans soi. Bien.
...
Je me moque du regard des autres.
C'est ce que je dis.
Me guérirai-je un jour de n'être pas ?
...
J'ai étendu ma tête près de toi, et je me suis laissée glisser le long de ton long corps.
J'avais espéré.
Pourtant je croyais en toi.. nous devions..
Nous, ce n'était pas pareil..
Tu me l'avais dit.. T'en rappelles-tu seulement ?
On n'oublie pas ces choses-là !
Je voulais tant te ressembler.
Où pourrions-nous nous retrouver ?
En hâte.. en cachette.. au coin de la rue.. le long du cahier.. dans ta pensée ??
Je te sens dans mon dos, à m'épier, à me regarder vivre.
Tu es ailleurs mon Amour, fuyant ma vie, m'abandonnant de l'autre côté du miroir, et je suis là
entre ces pages à te magnifier, toi dont le prénom demeure à la première page, et de là je t'envoie plein de doux baisers noués d'un ruban couleur
de rêve, rose et bleu, couleur de la sagesse.
La nuit avance.
J'ai déchiré le voile embelli de l'illusion.
Le monde a chaviré.
Je te salue Amour. Ne tarde pas trop.
Je pourrais repartir je te le jure.
A trop jouer avec mon coeur..
Couleur veloutée, vert clair, couleur ramure brouillée, couleur fougère.
Les feuilles des platanes brillent aujourd'hui. La pluie les rend magnifiques.
Ciel délavé, lustré.
Mes cheveux roulent sous mes doigts. Je les roule, je les enroule. Je les façonne. A mon gré.
Den
Août 1998
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