mercredi 18 avril 2012

*Au mot présent, il faut préférer le mot de passant...

Les passants

"Au mot présent,
il faut préférer le mot plus sûr de passant.
Le présent est le passant du temps. (...)
Il est possible que dans le passant du temps,
le passé soit l'énergie.
Comme le mot courant dit quelque chose de plus
profond que toute l'eau du fleuve. (...)
Nous ne connaissons jamais ce qui commence
à son début. (...)
Nous avons vécu avant de naître.
Nous avons connu la vie avant que le soleil
n'éblouisse nos yeux. (...)
"Han Yu naquit en 768. (...) Un jour il déploya
les cinq doigts de sa main. Il dit énigmatiquement
qu'il avait encore entre chacun de ses doigts
l'ombre de la première aube. (...)
Retrouver l'aube partout, partout, partout, c'est
une façon de vivre.
Reconstituer la naissance dans tout automne ;
héler la perdue dans l'introuvable, 
faire resurgir l'autre incessant et imprévisible
dans l'irruption de la première fois
car il n'en est pas d'autres.
Naître".

Pascal Quignard
(les ombres errantes)



(Réf : Sur les épaules de Darwin - France Inter - par Jean-Claude Ameisen)
(émission du 1er octobre 2011 - les battements du temps (4)   )




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