dimanche 30 septembre 2012

"la première en ligne... celle du début.....


De ses familles adoptives, peut-être la plus importante, car la première en ligne, celle du début.

Maman vient de naître à la vie. Seule au monde. Première mère nourricière, de la campagne, Madame A. s'occupera de Camille jusqu'à ses trois ans et demi.

Elle vit à Tence, dans la Haute-Loire, le Haut-Lignon, le nord-ouest du Vivarais, Tence et ses communes de Chenereilles, le Mas de Tence, le Chambon-sur-Lignon, le Mazet-St-Voy, St Jeures.
Une nature accueillante qui invite à ses chemins, et dont la beauté des paysages apaise l'âme.

Pas très éloignés, ces villages les uns des autres, mais quand on est petit enfant, la limite de la frontière s'arrête à la porte du foyer.

Il fait chaud, elle est bien Camille, calée contre le sein rassurant de celle qui lui donne la vie, pleine d'un bien-être infini. Terre, mère nourricières.

A l'époque, il était coutumier, une fois devenues mères, que les femmes choisies parmi les plus modestes, parfois démunies, deviennent des mères nourricières, et ce, afin d'arrondir leurs fins de mois.

Pour Madame A., ce fut le cas.

Un fils de l'âge de maman, nourrice rétribuée elle l'est devenue, ainsi que mère de substitution attendrissante,
qui découvre la joie inégalable de l'allaitement par le sein. Elle l'offre avec une grande émotion, cette tétée,  et rayonne aux limites du plaisir avec Camille, accrochée à son sein, parcourues toutes deux, presque jusqu'à un ensoleillement vibrant de leur coeur et de leur âme.

A l'âge de pleine vigueur, sans reproche de corps, de perfection physique et morale, c'est une femme saine.


D'un beau visage, des traits harmonieux, car c'est de là que se lisent les qualités morales, elle nourrit Camille, et à chaque tétée renouvelée, elle lui transmet, lui influe en plus de la matière qui rassasie, ses  bons penchants comme ses vertus, ses manières et ses bonnes inclinaisons. Mère au coeur non égoïste.

De petit arbuste sans racine ni motte, qui a perdu ses fruits, ou qui est greffé de travers, tu grandis Camille, et tu recherches sans savoir encore tes origines dans la terre qui t'a vu naître, fouinant ça et là, et à tâtons, de nouveaux indices à cette vie déplacée : de petit arbre transplanté sans sa motte, d'enfant étranger en nourrice, elle t'emmène  dans ce qu'elle croît être le meilleur pour toi, et tu deviens grâce à elle, une belle enfant, solide, nourrie au lait de ta mère, distincte au départ de cette mère en pièce rapportée, et de fusion à présent ensemble vous devenez.

Un arbuste magnifique a bien poussé.
Tu as trois ans et demi, maman.
Un court instant de bonheur et de vie, car ce bonheur s'arrête brusquement : sans compter sur l'imprévoyante pièce qui se grippe, malencontreusement.

Devenue gravement malade, elle a l'obligation de se séparer de cette jeune enfant, Camille, ma maman, comme ce n'était pas prévu au départ de l'histoire, dans une énorme souffrance.

Maman.

Elle n'a nullement conservé en elle les stigmates de cette nouvelle séparation. Elle a tout gommé. La blessure, le déchirement, le chagrin, l'épreuve à nouveau.

Elle ne garde en elle aujourd'hui que le souvenir d'une grande chaleur qui l'habite encore, émue par une félicité illimitée, des baisers maternels passionnément prodigués, sans cesse.

Le facteur, éprouve une réelle affection pour Camille, tristement orpheline à nouveau, il échafaude une possibilité.. le désir de s'en occuper à temps complet.. se renforçant dans cette magnifique idée : peut-être le placement de Camille chez eux ; reste, à faire céder sa femme, hésitante pour l'heure.

Ainsi est fait.

Installée dans cette autre et deuxième famille, et ce jusqu'à ses quatorze ans, maman liera connaissance avec celui qui deviendra son frère de lait, son sang, son frère tout court, son complice, son compagnon de galère.

Georges est âgé de quatorze ans.

Toute sa vie, il la protègera Camille, jamais ne la délaissant.
Ils seront frère et soeur.
ils se sont toujours considérés ainsi.


                                                                                 Den






                                                                                    ***



2 commentaires:

  1. Chère Den
    Me permettrais-tu d' utiliser quelques phrases de cette si belle histoire
    ( en te nommant bien sur ) sur un prochain billet...
    C' est un si bel exemple de victoire sur la vie grâce à l' amour ...:-))

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  2. Bien sûr Mathilde ! avec grand plaisir... !

    je t'envoie, de moi à toi,
    mes mots à l'éclat satiné,
    comme la pierre à encre est fine, régulière, pareille à son grain,
    douce comme la caresse du visage aimé.
    bisous ensommeillés.

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Par Den :
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