samedi 23 avril 2016

*Pause...........



"Dans une partition musicale, les silences sont signifiés,
comme les notes, 
et ils portent des noms qui renvoient au souffle  :
respirations, pauses, soupirs, 
qui se déclinent en demi-soupirs, quarts de soupirs".

Sylvie Germain
Quatre actes de présence

Alors.....
Pause,
J'me pose
Et vous dis
A bientôt............

Prenez bien soin de vous.

Den

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mercredi 20 avril 2016

*Les secrets....





(...)  "En échange de tant de secrets, je lui racontais la ville : les magasins où l'on trouve de tout, les expositions de jouets à la Noël, les retraites aux flambeaux du 141e, et la féerie de Magic-City, où j'étais monté sur les montagnes russes : j'imitais le roulement des roues de fonte sur les rails, les cris stridents des passagères, et Lili criait avec moi.... 

D'autre part, j'avais constaté que dans son ignorance, il me considérait comme un savant : je m'efforçai de justifier cette opinion - si opposée à celle de mon père - par des prouesses de calcul mental, d'ailleurs soigneusement préparées : c'est à lui que je dois d'avoir appris la table de multiplication jusqu'à treize fois treize. Je lui fis ensuite cadeau de quelques mots de ma collection, en commençant par les plus courts : javelle, empeigne, ponction,  jachère, et je pris à pleines mains des orties, pour l'éblouir avec vésicule. Puis je plaçai vestimentaire, radicelle, désinvolture, et l'admirable plénipotentiaire, titre que je décernai (bien à tort) au brigadier de gendarmerie. 

Enfin, je lui donnai un jour, calligraphié sur un bout de papier : anticonstitutionnellement. Quand  il eut réussi à le lire, il m'en fit de grands compliments. tout en reconnaissant, "qu'il ne s'en servirait pas souvent" : ce qui ne me vexa en aucune façon. Mon but n'était pas d'augmenter son vocabulaire, mais son admiration, qui s'allongeait avec les mots. 

Cependant, nos conversations revenaient toujours à la chasse : je lui répétais les histoires de l'oncle Jules, et souvent, les bras croisés, adossé contre un pin, et mordillant une ombrelle de fenouil, il me disait gravement : Raconte-moi encore les Bartavelles".  (...)

Marcel Pagnol
Le château de ma mère
Tome 2 - Souvenirs d'enfance.

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mardi 19 avril 2016

*Qui t'a dit que c'est l'automne.....




(...)  "Dans les pays du centre et du nord de la France, dès les premiers jours de septembre, une petite brise un peu trop fraîche va soudain cueillir au passage une jolie feuille d'un jaune éclatant qui tourne et glisse et virevolte, aussi gracieuse qu'un oiseau.... Elle précède de bien peu la démission de la forêt, qui devient rousse,  puis maigre et noire, car toutes les feuilles se sont envolées à la suite des hirondelles, quand l'automne a sonné dans sa trompette d'or. 

Mais dans mon pays de Provence, la pinède et l'oliveraie ne jaunissent que pour mourir, et les premières pluies de septembre, qui lavent à neuf le vert des ramures, ressuscitent le mois d'avril.  Sur les plateaux de la garrigue, le thym, le romarin, le cade et le kermès gardent leurs feuilles éternelles autour de l'aspic toujours bleu, et c'est en silence au fond des vallons, que l'automne furtif se glisse : il profite d'une pluie nocturne pour jaunir la petite vigne, ou quatre pêchers que l'on croit malades, et pour mieux cacher sa venue il fait rougir les naïves arbouses qui l'ont toujours pris pour le printemps.

C'est ainsi que les jours des vacances toujours semblables  à eux-mêmes, ne faisaient pas avancer le temps, et l'été déjà mort n'avait pas une ride.

Je regardai autour de moi, sans rien comprendre.

"Qui t'a dit que c'est l'automne ?"

"Dans quatre jours c'est saint Michel, et les sayres vont arriver. Ce n'est pas encore le grand passage, c'est la semaine prochaine, au mois d'octobre. 

Le dernier mot me serra le coeur. Octobre ! 

LA RENTREE DES CLASSES".

(...)

Extrait de Le château de ma mère
Marcel Pagnol

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lundi 18 avril 2016

*Comme une source.................



Nuages, Goutte, Des Larmes, Pluie, Nuage

"Les larmes quelquefois montent aux yeux
Comme d'une source,
Elles sont la brume sur les lacs,
Un trouble du jour intérieur, 
Une eau que la peine a salée.

Lumière, Orage, Larmes, Pluie

La seule grâce à demander aux dieux lointains,
Aux dieux muets, aveugles, détournés,
A ces fuyards,
Ne serait-elle pas que toute larme répandue
Sur le visage proche 
Dans l'invisible terre fît germer
Un blé inépuisable ?

Sur tout cela maintenant je voudrais 
Que descende la neige, lentement,
Qu'elle se pose sur les  choses tout au long du jour 
Elle qui parle toujours à voix basse".

Philippe Jaccottet
A la lumière d'hiver

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dimanche 17 avril 2016

*Enfance....




"Au jardin des cyprès je filais en rêvant,
Suivant longtemps des yeux les flocons que le vent
Prenait à ma quenouille, ou bien par les allées 
Jusqu'au bassin mourant que pleurent les saulaies



Je marchais à pas lents, m'arrêtant aux jasmins,


Fleur De Jasmin, Accouplement D'Insectes

L'Eau, Lys, Water Lily, Fleur, Lotus

Me grisant du parfum des lys, 


Lys Blanc, Fleur, Flore, Fleuriste


 tendant les mains
Vers les iris fées


Iris Fée, Fleur, Fleurs, Jardin


 gardés par les grenouilles.
Et pour moi les cyprès n'étaient que des quenouilles,
Et mon jardin, un monde où je vivais exprès 
Pour y filer un jour les éternels cyprès".


cyprès


Guillaume Apollinaire  (1880-1918)


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Je vous souhaite un très beau dimanche,
Fleuri,
EnsOleillé,
Comme vous aimez.

Den


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"Sur le Crayon et la Plume" vous pouvez retrouver  "Sous le Pont Mirabeau"  de ce même auteur..
poème si joliment exprimé par Serge Reggiani.

Je vous embrasse.

Den


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mardi 12 avril 2016

*J'ai tant tenté...





J'ai tant tenté d'enluminer d'éclat  le jour ébouriffé
D'enflammer l'or  du ciel  délaissé
Tant en cantate qu'en sonate, 
Comme Bamoravi embrase le clavecin-flûte
Et flatte les sanglots
En Presto Capricioso,
Nos yeux au regard cousu, dessillés.
Doux-aimés.....

A ma main croquevillée d'âme et de cil-anse
J'ai accroché la plus belle emmêlée de branches,
A ton Art-Preux délicat de lin brodé 
Si près-cieux-aimant au bout du sentier,
L'infinitude de l'ombre plissée 
A l'étoile du sOleil étoffée ...

Le temps avance et pose son espère-anse, 
Froisse, érafle et gratigne nos ailes,
Mais il chante l'hymne à la Vie respirée
Sous une à-rosée d'arcs-anges messagers
 Au coeur appelé.

Je plane et flâne dans la jaspure du cil-anse,
Friande de l'appétence des mots,  au petit mât-teint,
Je joue et veille à la note perdue dans l'Haut-bois,
Dès l'aube crépusculaire
Jusqu'à l'or-aure or-rangée, au vieil or,
Entre brise  et vent fort...

J'ai tant tenté.


Den


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lundi 11 avril 2016

*Une belle semaine.....



Âmie, Âmi !

Je vous  souhaite une belle semaine
pleine de beautés et de grand sOleil !

Je vous en brasse
en ribambelles fleuries.

Den

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vendredi 8 avril 2016

*Je suis vivant parce qu'un cahier m'attend..




"Je cherche à attraper la vie, à la pointe de mon stylo, 
à accrocher  tout ce qui vit pour être moi-même encore plus vivant. 
Un seul moment me rend vivant,  celui que j'écris à l'instant et qui invente le suivant.
Dans un seul mot  il y a des nuées de planètes, de constellations.
Il y a l'émotion". 

René Frégni
Je me souviens de tous vos rêves.
(p. 102)

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"Je suis vivant  parce qu'un cahier m'attend, vierge encore, blanc.
Il est posé sur la table de ma cuisine  et il m'oblige à être vivant.
Il m'attend comme un enfant.
Je ne lui apporte que les mots d'une mère à son enfant.
Il a besoin de moi pour se mettre à vivre".

René Frégni
Je me souviens de tous vos rêves

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jeudi 7 avril 2016

*dé-roulé, dé-tricoté...........



J'ai dé-roulé dé-tricoté l'échelle de lit ennuagée
Déposé sa descente d'ombre et d'eau-de-vie d'or
Dans les allées de son ci-aile
Une écharpe de mots d'avril.

J'ai levé mon regard églisé
Autour de l'essence-ciel
Emperlé de gouttes de pluie.

Mon tout bat en coeur d'instant en volée
Dans les plis de mon âme des cadenas-sais,

Âmie, Âmi !

Empreint d'an au bras du jour
Ses silences d'ode-heure de jasmin léger
J'ai pris ta main croquevillée
Transie du froid du bout des Moi, des sens solidaires.

Le vent soufflant tient le là-haut
Et abreuve ma soif
En-chante l'ivraie enivrante et sauvage,
Et remue les plaies du ciel.

J'ai ligoté le Haut juponné
A l'envers des nues-âges
La beauté lumineuse
L'arrosoir du sOleil.

Ils nagent les nuages comme des boîtes gigantales,
Comme des émaux s'enverraient des années en-chevets-très...

Le ciel est devenu laiteux et pleure, et médite
Comme ton inter-rieur...
Il éclaire le reste du jour effiloché
Et ré-invente la juste place qui permet à l'âme rêve-oeillet
De s'aérer, et dé-chaîner 
L'amour attaché.

Den


mardi 5 avril 2016

*Camille Claudel

"Je lui ai montré où elle trouverait de l'or.
Mais l'or est en elle"
Auguste Rodin

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Et après  l' abandon cruel d'avec Rodin, de qui elle fut l'élève, et la muse,  Camille Claudel réalise "l'âge mûr" ...une oeuvre majeure, d'une beauté sublime appelée aussi "la destinée", ou "le chemin de la vie", "la fatalité" (1894-1900).

"l'implorante" l'arrachée.... marque au fer avec cette sculpture le tragique lié à sa destinée.....
ainsi que l'on  pourrait expliquer et comprendre l'homme vieillissant  tendant une main vide et vaine vers la jeunesse.
Une oeuvre très symbolique.

Au premier degré, Camille (qui représente la jeunesse)  l'implore à genoux de reprendre leur relation tant artistique qu'amoureuse, mais il (la vieillesse) préfère retourner auprès de Rose Beuret, sa compagne plus âgée. mais qu'il finira par épouser en 1917, quelques mois avant de mourir.


Camille Claudel
l'âge mûr - 
groupe en bronze, en 3 parties,

114x163x72 cm

au Grand Palais (Musée d'Orsay).

Les deux autres versions réalisées,

- l'une en plâtre, datable de 1894-1895,  le personnage central hésite encore... entre le présent et le passé, démembré, désarticulé entre la vieillesse et la jeunesse, entre Rose et Camille... une menace... le temps ne s'enfuit pas tout à fait... pas encore....                                           ....

Dans cette version en plâtre, qu'elle nommait "groupe des trois", elle envisageait d'y adjoindre un arbre penché afin d'accentuer l'idée de  destinée, comme une variation qu'elle estimait essentielle...

- et l'autre, en bronze, (au Musée Rodin).

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..."L'âge mûr ! cette forme capitalisée du destin ! (...)
Et la femme cependant, la jeune fille plutôt, (...) cette âme nue, cette jeune fille à genoux,
Ma soeur Camille, implorante, humiliée à genoux. cette superbe, cette orgueilleuse, c'est ainsi qu'elle s'est représentée. Implorante, humiliée à genoux, et nue ! tout est fini !c'est ça pour toujours qu'elle nous a laissé à regarder,  et même  sous vos yeux, c'est son âme".
...(...) "c'est tout à la fois, l'âme, le génie, la raison, la beauté, la vie, le nom lui-même".


Paul Claudel

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Paul Claudel qui fera don en 1952 au Musée Rodin de la version en bronze datant de 1913.


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lundi 4 avril 2016

*"Aujourd'hui, il pleut si noir"................


"Aujourd'hui,  il pleut si noir, et c'est tellement dimanche que je fais, avant que tu l'aies demandé 
les trois signes magiques : clore les rideaux, allumer la lampe, disposer sur le divan, parmi les coussins 
que tu préfères, mon épaule creusée pour ta joue, et mon bras prêt à se refermer sur ta nuque...
Est-ce bien ainsi ? Ne dis rien, attends que notre chaleur de bêtes fraternelles ait gagné les coussins.
Lentement, lentement, la soie tiédit sous ma joue, sous mes reins, et ta tête s'abandonne peu à peu à mon épaule, et tout ton corps, à mon côté, se fait lourd et souple et répandu  comme si tu fondais....."

Colette
Le voyage égoïste

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dimanche 3 avril 2016

*L'Association La Maison de Colette......


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L'Association La Maison de Colette
est heureuse de vous apprendre l'ouverture de sa maison natale
à Saint-Sauveur en Puisaye (Yonne)

à partir du  25  mai  2016

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..."Peut-être que tu dis, pendant que je tremble 
sur le seuil retrouvé : "Ce n'est qu'une vieille maison ..."
Entre. Je vais t'expliquer".

Colette

Citation extraite de "Dimanche",
Le Voyage égoïste.
1928

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"L'Association a pour vocation de faire vivre la maison toute l'année.
Des visites commentées pour replonger dans l'univers de Colette et retrouver la célèbre  "Maison de Claudine", un programme culturel riche et varié, le Centre de recherches Colette, des activités pédagogiques destinées au jeune public, en constitueront  les principaux atouts".



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vendredi 1 avril 2016

*En paroles, en pensée, en donnant...............




"La bonté en paroles amène la confiance.
La bonté en pensée amène la profondeur.
La bonté en donnant amène l'amour".

Lao-Tseu


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