jeudi 30 novembre 2017

*Tant de corps et tant d'âme

Captifs de l'étrange machine 
Qui nous mène de vie à trépas

En quel lieu de ce corps en fonction

De ce sang qui déambule

Se fixe l'être

Bâti d'élans de songes de regards

Qui parle les langues du silence

Qui devance mots et pensées ?

Qui prononce notre mort 
Qui instaure notre vie

Qui présence ou absence

Dans la mêlée des vallées et des gouffres

Nous prodigue

Cette sarabande de rixes et de roses

Nous assigne

Ce pêle-mêle de discordes et d'harmonies ?



Qui

tissant ensemble

tant de corps et tant d'âme

Nous imprègne de passé 
Nous génère un avenir ?



II



Plus loin que tes membres

Plus haut que ton front

Plus libre que racines

Tu t'émancipes de l'arbre de chair

Vers les récits du monde

Vers l'image inventée

Hors des marques quotidiennes 
Où tu vécus fièvres et moissons 
Soleils ou mélancolies

Tu t'élances 
Une fois de plus 
Débauchant l'espérance.



III

L'esprit s'aventure 
Tandis qu'en sourdine 
Le corps tout à sa trame 
Poursuit de secrètes et mortelles visées

Spectateurs ahuris

Nous déchiffrons soudain

Sur nos peaux en nos charpentes

Les croquis de l'âge

Tout ce grené tout ce tracé

Tous ces naufrages

Que nous n'avons pas conduits

Ces mêmes érosions ces mêmes

Qu'aucune chair n'a jamais fuis

Le temps triomphe des temps

Soumis au projet sans failles

De l'impassible métronome

Le corps lentement se déconstruit

Tournant autour du pieu 
Où s'embrochent nos destins

Il nous reste la parole 
Faite d'argile et de souffles

Il nous reste le chant 
Fortifié d'autres chants 
Alluvions qui progressent 
Vers l'horizon sans appel.


Andrée Chedid


  


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